ILS PEUVENT ÊTRE EXTRAORDINAIRES !
Ce matin, je suis allée à Lyon, chez Emmaüs, rue de Créqui. C’est ce slogan – écrit sur cette affiche – qui m’a sauté aux yeux ! Et qui m’a donné envie de vous raconter une histoire, l’histoire de Babeth …
Babeth, je l’ai rencontrée cette semaine, à Paris, lors d’une formation avec Thiagi, LE spécialiste indien de l’apprentissage par le jeu et l’intéractivité (j’aurais bien sûr des milliers de choses à vous dire sur la motivation, et le lien entre motivation et apprentissage, motivation et enfant intérieur … mais je ne voudrais pas vous perdre tout de suite … ceci dit, n’oubliez pas de vous abonner dans la colonne à droite si le sujet vous intéresse …)
Déjà là je vous sens un peu perplexe et vous vous demandez quel est le rapport entre Babeth et Emmaüs, n’est ce pas ??? Alors laissez moi poursuivre et soyez patient …
Babeth, je me suis retrouvée à sa table, le dernier jour du stage. A vrai dire, j’étais arrivée le matin à 9h30 pile et le stage venait juste de redémarrer, alors il ne restait guère de place … Ce dont je me rappelle de Babeth lorsque je me suis assise à côté d’elle ( et je ne suis pas sûre que je me serais assise à côté de Babeth spontanément, je veux dire si j’avais eu le choix de ma place …), c’est d’un petit de bout de femme, les cheveux grisonnants, des petites lunettes avec un petit truc bizarre accroché sur la monture, des petits yeux … enfin … rien d’extraordinaire. Pas une beauté fatale. Pas de mini-jupe affolante. Pas d’habits qui se remarquent par leur excentricité, leurs couleurs vives ou leur mauvais goût. Rien.
Et puis durant les 3 jours qui venaient de se passer, je n’avais pas entendu Babeth. C’est vrai qu’on était au moins 40. Mais quand même, il y avait certaines personnes très fortes pour poser LA question pertinente, pour trouver LE mot de la fin ou pour sortir LA phrase ou LA blague qui fait mouche, ou L’expérience brillante !
Mais … pas Babeth.
Alors comme Babeth n’avait pas l’air d’être le genre de personne à entamer les conversations, je me suis tournée vers elle. Je lui ai juste demandé :
– Et toi, Babeth, tu fais quoi dans la vie ?
Question très ordinaire, je l’admets.
– Je suis formatrice chez Pôle Emploi, m’a répondu Babeth.
Dans ma tête, j’ai pensé tout de suite « ah oui – l’institution qui aide la France à baisser son taux de chômage ! Je ne sais pas trop quels genres de formations ils proposent chez Pôle Emploi, mais vu la courbe du chômage, elles ne doivent pas être très efficaces … ».
Ceci dit, ma curiosité était piquée et je voulais en savoir plus car ce n’est pas tous les jours que je rencontre des formateurs de Pôle Emploi. J’avais tellement d’à priori sur Pôle Emploi ! et forcément, sur les personnes qui y travaillent … !
Il était alors 12h30 – et la matinée venait de se terminer. J’avais repris une conversation – ordinaire – avec Babeth. Au bout de 5 minutes, nous avons regardé autour de nous, et la salle était vide, tout le monde était parti déjeuner. J’avais prévu de me prendre un sandwich et d’aller me balader au parc Montsouris, en face de la Cité universitaire. J’avais remarqué le matin même des arbres extraordinaires, aux formes et couleurs improbables. Mais Babeth était à côté de moi. Et puis je crois que je voulais vraiment creuser mes à priori … Alors j’ai décidé de déjeuner avec Babeth. Au « Restau U ». Un repas … ordinaire.
Babeth ne cherchait pas à prendre la parole tout le temps ou à ramener à elle la conversation. Babeth ne m’interrompait pas et ne cherchait pas à me donner des réponses toutes faites. Babeth me posait quelques questions, entrelacées de silences. Je faisais de même.
Et de fil en aiguille, Babeth s’est mise à raconter des histoires, son histoire. Babeth m’a raconté qu’elle était bénévole dans une association qui accompagne les personnes en fin de vie et aussi toutes les personnes qui ont vécu un deuil, une rupture ou une séparation. Babeth m’a raconté certaines de ses expériences avec des personnes âgées à la veille de mourir, elle m’a parlé de personnes tellement blessées par la vie qu’elles n’en parlaient plus et comment par son écoute au delà des mots et son travail avec les autres accompagnants, elle a réussi à leur faire relever la tête. Avec Babeth, on a ri aussi. A propos d’une mamie qui à 87 ans écoutait du reggae en cachette à l’hôpital parce qu’elle venait de découvrir cette musique avec sa petite fille. Et petit à petit, Babeth et moi, nous sommes passées d’une rencontre – ordinaire – à une rencontre extraordinaire. D’un repas – ordinaire – à un repas extraordinaire, riche en partages, en authenticité, en émotions. Et c’est comme ça que ma journée – qui aurait pu être ordinaire – s’est elle aussi transformée en une journée extraordinaire.
Lors de cette journée à Paris, j’ai beaucoup appris de Babeth, et aujourd’hui, je me rappelle de Babeth comme une femme avec un coeur énorme, des oreilles d’éléphant à l’écoute bienveillante, et aussi d’une femme extraordinaire – capable de changer le monde – à sa manière.
J’espère que vous commencez à voir le rapport entre Babeth et Emmaüs …
C’est vrai que j’aurais pu faire plus court – et pour ceux qui rejoignent ce blog, j’ai assumé dès le début que mes écrits ne seraient pas parfaits alors tout va bien.
Peut être que vous trouvez aussi que ce que je vous raconte est ordinaire …
Mais si un jour vous rencontrez des gens ordinaires, je serais très curieuse de savoir si vous aussi vous vous arrêtez à vos premières impressions ou bien si vous avez la curiosité pour aller voir plus loin …
Et puis – juste entre nous – si vous aussi vous vous prenez pour une personne ordinaire, méfiez vous …
PEUT-ÊTRE QU’UN JOUR VOUS RENCONTREREZ UNE PERSONNE – ORDINAIRE – QUI VOUS DIRA CE QUE VOUS AVEZ D’EXTRAORDINAIRE !
Pour en savoir plus sur la campagne « Les extraordinaires », allez jeter un œil sur les vidéos …
MALAGA
Texte très inspirant qui me rappelle pas mal de situations identiques.
Soyons curieux de notre prochain.
Il n’y a ni personnes, ni moments ordinaires.
A bientôt